Actualités – HEIP et l’ONG We are Not Weapons of War ensemble contre le viol de guerre

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HEIP et l’ONG We are Not Weapons of War ensemble contre le viol de guerre

HEIP et WWoW se mobilisent pour les survivant.e.s de viol de guerre à l’heure du COVID-19

Le 19 juin dernier, HEIP et l’ONG We are not Weapons of War (WWoW) ont organisé ensemble un webinaire sur le viol comme arme de guerre, en période de COVID-19, retransmis en live sur Facebook.

L’utilisation du viol comme arme de guerre est récurrente des conflits à travers le monde. Ce phénomène touche des millions de femmes, d’enfants et d’hommes, dans de nombreux pays. Les victimes, traumatisées, terrorisées ne parviennent pas à parler. Et lorsqu’elles le font, elles doivent affronter de plein fouet les ravages de l’impunité.

Le viol de guerre n’est pas une pulsion sexuelle ou un dommage collatéral de guerre. C’est une arme à moindre coût, silencieuse : une bombe à déflagration lente et multiple.
Afin d’en faire un enjeu public en France comme dans le monde, WWoW a beaucoup œuvré pour que les Nations Unies actent une journée internationale contre l’utilisation du viol dans les conflits. Cette journée a finalement été créée

En 2018, le Prix Nobel de la Paix a été attribué conjointement au Dr. Denis Mukwege, chirurgien congolais, fondateur de l’hôpital de Panzi au Sud-Kivu en République Démocratique du Congo ou des milliers de femmes sont victimes depuis 1996, de viols massifs et d’une extrême violence ; et à Mme Nadia Murad, survivante du génocide Yazidi, esclave sexuelle de Daesh et activiste irakienne, fondatrice de Nadia’s initiative.

En 2019, Denis Mukwege et Nadia Murad, avec l’appui de nombreux experts dont ceux de WWoW, ont lancé le fonds mondial des survivantes visant à créer un fonds de « réparations » pour les victimes de violence sexuelles liées aux conflits, faute de systèmes de réparations effectifs dans les systèmes judiciaires ou au niveau des États.

La même année, Céline Bardet, fondatrice de WWoW et Denis Mukwege, Fondateur de l’hôpital de Panzi ont co-organisé, à l’initiative de SAR la Grande Duchesse du Luxembourg, le Forum STAND SPEAK RISE UP visant à donner la parole aux survivantes de viol de guerre et à lancer un plaidoyer mondial sur les violences sexuelles liées aux conflits en coopération avec le réseau SEMA, réseau de survivantes de violences sexuelles dans les conflits du monde entier.

En 2020, la pandémie liée à l’apparition du Covid19 a impacté le monde entier. Le 23 mars 2020, le Secrétaire Général des Nations Unis, Mr Antonio Gutterres a émis une demande de cessez le feu global dans le contexte de la pandémie, réitérant que « un cessez le feu mondial amènerait l’espoir pour ceux que la pandémie a mis encore plus en difficultés, les populations vulnérables ». Mais les conflits et les violences n’ont pas cessé pendant la période de crise sanitaire d’une part, elles ont juste été invisibilisées ; et d’autre part les survivants (femmes, hommes et enfants) se sont retrouvés dans des positions de particulière vulnérabilité n’ayant pas accès aux soins ni aux ressources pour se nourrir et se protéger. La pandémie au-delà d’être une catastrophe sanitaire, est pour de nombreux pays en développement une catastrophe économique créant plus de paupérisation tout en donnant l’opportunité à certains pays d’accentuer l’utilisation de l’autorité pour maintenir les confinements, au détriment du bien être des populations.

Pour autant, de nombreuses initiatives ont aussi vu le jour. Les survivantes ont pris le lead dans leurs communautés en fabriquant des masques, en distribuant du gel hydroalcoolique ou encore en faisant de la sensibilisation sur les gestes barrières dans les zones à risques et auprès des populations à risques.

La pandémie a donc aussi permis à ces survivantes, des femmes en grandes majorité de devenir des leaders au sein de leurs communauté confirmant le besoin de permettre à plus de femmes d’accéder à des positions de leadership au sein de leurs communautés ou dans les institutions.

La pandémie a changé les priorités et nombre de survivant e s n’ont pas pu avoir accès aux soin médicaux et psycho sociaux pendant des mois. Le confinement a aussi mis nombre de survivant e s dans des conditions économiques dramatiques ne pouvant plus travailler, donc gagner de l’argent et pouvoir se nourrir et se loger. La pandémie a aussi dramatiquement limité l’accès aux services de police et de justice pour nombre de survivant e s et de victimes des crimes commis pendant cette période pandémique accentuant l’impunité déjà existante et créant aussi la perception que les crimes commis pendant cette période ne seraient jamais poursuivis ni recensés.

Les ressources allouées aux organisations telles que WWoW comme d’autres au niveau local en particulier, ont été réduites au bénéfice de financement de projets sanitaires pour répondre à la pandémie. Cette posture de nombreux bailleurs de fonds a des conséquences dramatiques sur les possibilités d’actions au regard des violences sexuelles et du viol de guerre. Cela a aussi des conséquences dramatiques sur le long terme : si la pandémie reste une priorité mondiale, les secteurs de la justice, de la santé (hors pandémie) et les services d’appui psycho sociaux restent indispensables.

Grâce à son outil BackUp, de nombreux survivants ont contacté WWoW afin de décrire leur situation qui est souvent dramatique en termes de sécurité, d’accès aux soins et économique.
De plus, les violences ont été exacerbées pendant la période la pandémie y compris la commission de viols et de violences sexuelles et l’absence de fonctionnement des institutions comme l’accès limité aux services médicaux et psycho sociaux ajoute aux contraintes et aux difficultés.

En ce 19 juin, journée internationale pour l’élimination de la violence sexuelle en temps de conflit, HEIP s’associe à Céline Bardet et son ONG We are not Weapons of War pour mettre en lumière la situation des violences sexuelles liées aux conflits dans le monde au regard de cette pandémie, donner la parole et la lumière aux survivant.e.s afin de comprendre les enjeux et de pouvoir y répondre.

Le webinaire a été présenté par deux de nos étudiantes, Iman Mapakou et Léane Bergeret, de l’association étudiante HUMA.
Sont intervenus, Céline Bardet, fondatrice de WWoW, Léa-Rose Stoian, directrice adjointe de WWoW, la journaliste Louise Pluyaud, ainsi que deux survivants de viol de guerre, un homme et une femme, qui ont préféré garder l’anonymat.

Redécouvrez l’événement :

Mis à jour le 11 février 2022