Dans un monde où l’actualité politique ne manque pas, où la technologie accélère l’information et la nature de l’exercice du pouvoir, où les pôles d’hier se fragmentent et ceux de demain peinent à émerger, la formation et l’information sont les clés pour décrypter et accompagner la nouvelle génération à créer le monde de demain.
HEIP et la Revue politique et parlementaire organisent, à l’occasion de leurs 125 ans et 130 ans respectifs, un colloque pour mettre en perspective la question des Sciences politiques et leur enseignement au XXIème siècle.
PROGRAMME DE LA JOURNÉE
Débattre, Penser, Agir : Les Sciences Politiques en perspectives
Événement accessible uniquement sur inscription ou invitation.
Campus OMNES Education Paris Eiffel
10 rue Sextius Michel, 75015 Paris
9h00 – 11h00 | UNE AMBITION COMMUNE
- 9h00 – 9h30 – HEIP et la RPP, un partenariat au service des idées et des savoirs
Enseigner et diffuser des idées le contexte actuel : les missions de HEIP et de la RPP - 9h30 – 10h00 – Conférence introductive
A quoi servent les sciences politiques ? Comment les mettre en perspective face aux enjeux nationaux et internationaux contemporains ? Comment les enseigner ? - 10h30 – 11h00 – A la source d’une vision commune, portraits croisés des fondateurs
Quelle est la contemporanéité des idées et de l’action de Dick May fondatrice de HEIP, et de Marcel Fournier, fondateur de la RPP ?
11h30 -12h50 | DÉBATTRE
- 11h30 – 11h35
Vidéo introductive – Débattre pour adresser la complexité du monde
- 11h35 – 12h15 – Débattre malgré le bruit médiatique
La configuration actuelle de la sphère médiatique, la culture du clash et l’entre-soi idéologique permettent-ils le débat d’idées ? - 12h15 – 12h50 – Introduire et maintenir la rationalité dans le débat public
Les thèses complotistes, le développement du populisme, la guerre informationnelle et cognitive introduisent des biais qui abolissent l’esprit critique et le discernement. Est-il encore possible de débattre rationnellement ?
14h30 -16h00 | PENSER
- 14h30 – 14h35 Vidéo introductive : Penser la République, renouveler le contrat social
Avec quelles méthodes et quels outils pouvons-nous penser le monde et la société aujourd’hui ?
- 14h35 – 15h15 – Comprendre les enjeux du multilatéralisme, du dialogue interculturel et des nouvelles influences géopolitiques
Quels sont les nouveaux enjeux internationaux liés aux mutations diplomatiques imposées par le multilatéralisme, à l’émergence de nouvelles puissances économiques, aux nouvelles influences idéologiques et culturelles et à l’affaiblissement de l’hégémonie occidentale ? - 15h15 – 16H00 – Penser les grandes mutations : transition écologique, technologies, démographie et migrations
Quelles sont les grandes mutations liées au changement climatique, à la prise de conscience écologique, à l’accélération technologique, à la pression des flux migratoires et aux changements démographiques ?
16H15-18H15 | AGIR
- 16h15 – 16h20 – Vidéo introductive : Agir pour le bien commun
Quels sont les moteurs de l’action au service du bien commun ? - 16h20 – 16h50 – Agir dans une société d’opinion
Est-il possible de conserver son libre arbitre afin d’agir au service du bien commun dans une société d’opinion ? - 16h50 – 17h20 – Fabriquer la décision au service de l’intérêt général
Comment se fabrique la décision politique, dans quel cadre institutionnel ? Comment dépasser les blocages idéologiques et institutionnels au service de l’intérêt général ? - 17h20 – 17h50 – Apprendre, enseigner, transmettre
Comment renouveler les actes d’apprendre, enseigner et transmettre en tenant compte des enjeux contemporains ?
18h00 – 18h15 – SÉANCE CONCLUSIVE
Orientations à l’issue des tables rondes sur la base des trois blocs de la journée
NOS INTERVENANTS
HEIP : Un héritage & une ambition
L’histoire d’HEIP commence en 1899. Une femme, Jeanne Weill, plus connue sous le pseudonyme de Dick May, crée l’École des Hautes Études Sociales qu’elle installe rue de la Sorbonne à Paris. Le but de l’institution : former les jeunes et particulièrement les instituteurs de la République à cette nouvelle science qu’est la sociologie, leur ouvrir l’esprit, les amener à penser par eux-mêmes et non à travers l’enseignement classique et la presse.
On est alors au lendemain de l’affaire Dreyfus. On y rencontrait, tant parmi les professeurs que parmi les élèves, tous ceux qui pensaient que « l’Affaire » révélait, d’abord, une faille dans l’éducation. Il fallait dépasser l’enseignement classique. Et, au sein d’HEIP, des professeurs de la Sorbonne, hommes politiques, grands intellectuels –Anatole Leroy-Beaulieu et Georges Sorel notamment – s’attelèrent à cette immense tâche. D’année en année, le succès va se confirmer. L’École se diversifie en École de Morale, École de Journalisme et même une École des Arts.
Des universitaires de renom, tels qu’Émile Durkheim, fondateur de la sociologie en tant que discipline autonome, Anatole France, écrivain, prix Nobel de Littérature en 1921, Paul Deschanel, Président de la République française en 1920, feront partie des enseignants. Léon Bourgeois tout comme Charles Péguy seront parmi les assidus. Romain Rolland, le célèbre auteur de « Jean Christophe » sera le directeur de l’École des Arts. Gabriel Fauré, Ravel, Debussy animeront les soirées musicales.
Après la guerre de 1914-1918, la direction change, l’École se transforme en Hautes Études Internationales, Hautes Études Politiques et École de Journalisme. La Morale et les Arts disparaissent. Pendant tout le 20e siècle vont se succéder les personnalités les plus prestigieuses du monde politique et universitaire. Pour n’en citer que quelques-unes, on remarque dans une longue liste de noms, Albert Lebrun, Paul Painlevé, Maurice Schumann, Léon Duguit, Arthur Fontaine, Henry Jouvenel. Tout ce que la France compte de personnalités du monde politique, social ou économique participe à l’enseignement.
Aujourd’hui, HEIP, Hautes Études Politiques et Internationales a repris le flambeau. Très vite, professeurs et conférenciers étrangers vinrent également y enseigner, bientôt rejoints par des étudiants qui venaient d’Europe et du monde. Au début du 20ème siècle, l’originalité de notre école tenait déjà à la spécificité des enseignements pionniers, les relations internationales et les sciences sociales ; à la diversité des approches qui combinaient des économistes, historiens, philosophes, géographes, sociologues, juristes et au souci constant de donner un enseignement complet, clé de compréhension des enjeux du monde contemporain. C’est ainsi que Pierre Mendès France, durant les années trente, y assura le cours d’économie politique tandis qu’Aristide Briand s’y interrogeait sur la Société des Nations.
REVUE POLITIQUE & PARLEMENTAIRE
La volonté d’un homme d’éduquer à la chose politique
A l’origine, il y a un homme, Marcel Fournier, fils de notaire, né à Bordeaux en 1856, professeur de droit qui a abandonné sa carrière d’enseignant-chercheur par amour de la chose politique. Républicain libéral modéré, il aurait pu se lancer dans une carrière politique, mais a préféré exercer son influence sans se soumettre aux élections. Il a choisi donc l’édition pour créer, avec l’aide de fondateurs de renom, comme Waldeck-Rousseau, et des actionnaires privés, entreprises et personnalités individuelles, la Revue Politique et Parlementaire dont le premier numéro est sorti en juillet 1894. Avec un objectif : devenir « un guide sûr et prudent pour les élus du suffrage universel », mais aussi pour « les cadres de la démocratie », que l’on appellerait aujourd’hui les décideurs. Marcel Fournier est animé par un désir d’approfondir les questions débattues au Parlement et de diffuser auprès de la classe politique les avis de divers spécialistes.
Un lieu unique d’expression et de dialogue
Au fil du temps, la Revue s’est imposée comme un lieu incontournable de l’expression des idées. De toutes les idées ! Car la pluralité, dans le respect du débat démocratique, s’inscrit au fondement de sa raison d’être.
C’est elle que le colonel De Gaulle choisit pour exposer ses conceptions de la guerre mécanisée et d’une armée de métier dans les années trente ! Elle a accueilli dans ses colonnes des personnalités politiques, des figures intellectuelles, des économistes et des chefs d’entreprise parmi les plus renommés : Raymond Poincaré, Paul Doumer, Vincent Auriol, Edgar Faure, Pierre Mendès France, Raymond Aron, Georges Pompidou, Valéry Giscard d’Estaing, François Mitterrand, Jacques Chirac, Lionel Jospin, François Hollande, pour ne citer qu’eux.
La Revue Politique et Parlementaire a traversé trois républiques et n’a cessé de paraître depuis sa création, excepté sous l’Occupation, ne voulant sacrifier son attachement aux valeurs républicaines. Rares sont les périodiques qui peuvent se nourrir d’un fond éditorial aussi riche.